Création n° 2
- Traduction(s) :
- Creation no. 2
Texte intégral
1Il s’agissait de toucher : pour finalement aboutir à l’écran. Il était question d’incorporer : pour finalement s’en remettre à la lumière. On dirait un ricochet mais n’allez pas croire à une défaillance pour autant. Arriver à l’écran, se référer à la lumière, c’était aussi arriver au texte. Je m’explique : Poésie dérivée naît de mon amour pour ces langues qui prennent forme en corps et en mouvement, les langues signées. Elles sont importantes : elles bousculent de longues traditions de pensée concernant la relation entre corps et langage. Les communautés sourdes et signeuses y réfléchissent beaucoup. Dans la population majoritairement oralisante cependant, il faut bien reconnaître qu’on passe largement à côté de l’opportunité, obsédés que nous sommes par les normes, la norme. Je dis « nous ». C’est que dans la culture Sourde, je suis toujours une voyageuse. Il m’a fallu apprendre. Beaucoup. Il m’a fallu me décentrer. Beaucoup. Le processus de minoration d’une langue, d’une culture, n’est pas un enjeu politique anodin. C’est un rapport de force. Indéniable. Générateur de violence. L’histoire des Sourds le démontre de manière saisissante. Il faut se taire beaucoup pour le voir clairement. Ça déplace. Ce film fait partie de mon processus d’apprentissage. Pour apprendre, il m’a fallu palper. Littéralement. Travailler la langue comme une matière, physiquement, l’incorporer. En glisser les matériaux sous la lumière, la projeter sur l’écran, c’est la question d’ensuite… Est-elle ainsi inscrite ?
http://youtube.com/watch?v=53KP0eI_8fs
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Pour citer cet article
Référence électronique
Julie Châteauvert, « Création n° 2 », Hybrid [En ligne], 01 | 2014, mis en ligne le 08 octobre 2014, consulté le 15 janvier 2021. URL : http://www.hybrid.univ-paris8.fr/lodel/index.php?id=277
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