pathétique : Merriam Webster
11 : qui est susceptible de faire naître une pitié compatissante ou dédaigneuse.
22 : qui est caractérisé par la peine ou la mélancolie : triste.
33 : pitoyablement inférieur ou faible.
44 : absurde, risible.
pathétique : dictionary.com
5· qui suscite ou évoque la pitié, une tristesse ou une peine empathique, etc.
6· qui affecte ou touche émotionnellement.
7· relatif à ou provoqué par les émotions.
8· d’une faiblesse misérable ou méprisable.
pathétique : Cambridge dictionary
9Qui provoque un sentiment de tristesse, d’empathie ou parfois un manque de respect, notamment à la vue de la souffrance d’une personne ou d’un animal.
Fig. 1
© Suncan Stone
Fig. 2
Performance Kaj misliš s tem?/What do you mean?, le 17 avril 2014 au Metelkova de Ljublijana.
© Suncan Stone.
10Le 17 avril 2014, la performance Kaj misliš s tem?/What do you mean? s’est tenue à la galerie Kult3000, au centre Metelkova de Ljubljana. Annie Abrahams, Martina Rusham, Jana Wilcoxen et Chantal van Mourik ont partagé les impressions, toutes ayant vécu dans un pays où elles ne pouvaient pas parler leur langue maternelle et durent apprendre une nouvelle langue. Elles utilisaient dans le cadre de cette performance un bloc-notespartagé. Tout en écrivant exclusivement dans leur langue maternelle, elles traduisaient phrase par phrase leur texte en slovène au moyen de Google. Le texte slovène était ensuite importé par les performeuses dans le logiciel Proteus TSS d’Alpineon et diffusé en temps réel pour le public. Brane Zorman, de CONA, enregistrait le son.
Fichier audio 1
11What do you mean
Son de Kaj Misliš S Tem (What do you mean) enregistré à l’occasion de l’exposition Mie lahkoo pomagate? (Can you help me?), 21 octobre-7 novembre 2014, Aksioma Project Space, Ljubljana.
- 1 The ReadingClub est une plateforme en ligne pour des performances de lecture et d’écriture collect (...)
12La performance, d’une durée d’une demi-heure, utilisait le bloc-notes ReadingClub : une version d’Etherpad réadaptée par Clément Charmet. Le site Web de ReadingClub permet toujours de consulter l’archive vidéo de ce travail1. Voici une capture d’écran du texte en cours d’écriture :
Fig. 3
Capture d’écran du texte en cours d’écriture pendant la performance Kaj misliš s tem?/What do you mean?
13Milena Gros, qui n’était pas présente lors de la performance, en a ensuite transcrit le son (du moins ce qu’elle pouvait en comprendre) en slovène. Une fois la transcription traduite en anglais par Google, j’avais un poème intitulé « You have to accept (a FEW times). New language ». Il est accessible à cette adresse : https://e-stranger.tumblr.com/post/89970789401/.
No, I have not experienced it. 3X
I said: They say. I said: They say. Your people speak English with you.
… speaking Slovenian.
And they killed me (a few times).
…. Now I understand, this one is not the same.
Avast. Virus database has been updated. And they killed me.
Well.
I have all the time in conversation with a child in Slovenian.
This is very foreign …
When the Dutch with their children and friends children … that have me …
I feel like an idiot.
… that I wilI … something very different.
In particular, I feel like an idiot when I’m joking and no one understands me in the language.
Culture …
Jan, kids … when I speak Slovenian with them as if they were from another planet.
I also feel like an idiot. When I’m mad at someone, especially someone I not do know very well, who must express his discontent in the Slovenian language.
It’s hard to follow this conversation … I’m confused. Children …
- 2 Traduction : « Non, je ne l’ai pas vécu. 3X
J’ai dit : Ils disent. J’ai dit : Ils disent. Vos gens (...)
Sometimes I am confused between the two … languages ... brain I became happy unless I do
not believe except quietly.
Sometimes I am confused between two foreign languages … brain I became words, except I do not believe, except quiet.
I will … end with a pretty pathetic.
… strong position I was trying to assert my power in the situation and because the believing well enough that … quite strong.
I’m sorry, that for some things are so bizarre set to anything but2 …
- 3 Annie Abrahams, from estranger to e-stranger – Living in between languages, Ljubljana, +++plus et (...)
- 4 « (E)stranger – What language does to you or not ». [En ligne] http://e-stranger.tumblr.com [consu (...)
14Ce poème a été intégralement publié dans from estranger to e-stranger – Living in between languages3. L’ouvrage, écrit dans la cadre d’une résidence au cours de laquelle j’explorais différentes attitudes envers la langue et problématisais la façon dont son expressivité est structurée lorsqu’elle est placée dans un nouvel environnement, est une compilation de soixante-dix-sept publications écrites entre avril et août 2014 sur le site (E)stranger4. Cette recherche est toujours en cours.
Ik ben mijn moedertong verloren, toen ik, 12 jaar oud voor het eerst naar de school in de grote stad ging. Ze spraken daar “anders” en drie dagen heb ik niks gezegd totdat ik eindelijk mijn eerste woorden in hoog Nederlands, ABN, Algemeen Beschaafd Nederlands durfde spreken. In drie dagen werd ik geciviliseerd - en verlegen. Ik volgde de regels en aangezien mijn vader een strikte strenge man was, werd mijn moedertong een koude veeleisende vadertong.
Mijn vader was niet koud.
Nederlands is niet mijn taal
What am I talking about? What is this voice? Was sage ich?
Nederlands is niet mijn taal
15Tout en lisant ce texte en néerlandais, je projette une diapositive avec le texte suivant, en français :
- 5 Agota Kristof, Le Grand Cahier, Paris, Seuil, 1986, p. 33.
Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues ; il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, des êtres humains, et de soi-même, c’est-à-dire à la description fidèle des faits.
Agota Kristof, Le Grand Cahier, 19865.
- 6 Andrea Timar, The Murder of the Mother Tongue. Agota Kristof’s The Notebook, Bicultural Literature (...)
16Andrea Timar, dans The Murder of the Mother Tongue. Agota Kristof’s The Notebook, raconte comment pour Agota Kristof, exilée hongroise, le français semble incarner le nom du Père, ou la Loi. Kristof, dans son autobiographie éloquemment intitulée L’Analphabète (2004), qualifie le français de « langue ennemie […] en train de tuer [sa] langue maternelle6 ».
17 Pourtant, c’est en français qu’Agota écrit La Trilogie des jumeaux, texte largement plébiscité et traduit dans de nombreuses langues. Dans celui-ci, elle fuit l’écriture sentimentale pour s’en tenir à un langage factuel.
Fig. 4
Capture d’écran d’un entretien avec Günter Gaus.
- 7 Hannah Arendt, « “Zur person”, Teil 3-5, Gespräch mit Günter Gaus », 28 octobre 1964. [En ligne] h (...)
18En 1964, dans l’entretien qu’elle donne à Günter Gaus, je croyais qu’Hannah Arendt disait : « Wenn man abgeschnitten ist von seinen Muttersprache, wenn man die vergessen hat, dann bekommt man eine neue Sprache wo ein cliché das andere jagt7. » Mais à présent que j’écris la version définitive de ce texte (juin 2020) et que je l’écoute à nouveau, je m’aperçois que je l’ai mal comprise. Elle dit exactement le contraire: « Wenn man fest halt an seiner Muttersprache, wenn man die nicht vergessen kann, dann bekommt man eine neue Sprache wo ein cliché das andere jagt. »
I don’t agree, I don’t agree. I don’t agree, Nein nein nein.
We leerden ook frans, duits en engels ook via regels (en lijstjes).
I am not this voice that speaks – je ne suis pas la voix qui vous parle – Ich bin nicht diese Stimme die hier spricht. Ik ben niet diegene die hier spreekt.
Ik hield niet van talen ...
totdat ik naar het buitenland ging.
In Frankrijk duurde het tien lange jaren, tien jaren vonden mensen mij dom en stom. Vaak letterlijk stom, en dus ook oninteressant, …
19Puis je tourne le dos au public et je poursuis :
Je suis invisible, exotique, non identifiable, floue, trouble, changeante, grossière, vulgaire, rustre, crue, insolente, naïve, aliénée.
Je suis queer, hybride, complexe, malléable, pliable, souvent seule, silencieuse, distordue, déformée, subversive, solitaire.
Je suis parfois aussi abjecte, offensante, souvent incompréhensible et impolie.
Je parle une langue cassée, ma langue est bâtarde, bancale, tordue, tortue, torte, tortueuse.
Un e-tranger vit entre les cultures, est nulle part et partout à la fois.
Nous sommes des hommes traduits, complexes, nous connaissons une période de silence, notre littérature est une littérature mineure, nous avons des langues maternelles et paternelles, nous aimons le post-monolingue, nous pratiquons une langue tierce, nous sommes een vreemde in eigen land, nous sommes lost in translation, nous sommes les brisés, les entre-deux…
Mais nous sommes plus dures et plus fragiles en même temps, nous n’avons pas une seule langue, nous sommes plus résilients, plus inventifs, nous savons nous protéger, nous sommes de bons observateurs… nous n’appartenons à rien ni personne. Nul ne peut exiger quoi que ce soit de nous, personne ne peut nous revendiquer.
20À nouveau face au public :
Notre langue est libre.
21Silence.
Bête et stupide et… jusqu’à ce que… un jour les tabous aient disparu, peut-être est-ce quand j’ai découvert Internet en 1996 et que je me suis mise à traduire entre le français et l’anglais (et le néerlandais) mes œuvres hypertextuelles … et… que cela m’a valu la reconnaissance des deux camps. J’ai appris que traduire ses propres textes revient à les repenser et que la traduction littérale n’existe pas.
22« Le code est-il un langage ? Bien entendu. Un langage non sensible ? On peut s’en servir sans le comprendre – le copier-coller et le regarder fonctionner. Comme en maths, si l’on connaît les règles, on n’a pas besoin de comprendre. »
23Tout en affichant une diapositive où figure le texte ci-dessus, je poursuis :
Ou est-ce quand j’ai voulu apprendre à coder et que j’ai entamé un master en programmation en 1999 ? Après quatre mois, et en dépit de très bons résultats, j’ai arrêté. J’y arrivais, mais je ne comprenais pas. Je savais suivre les règles et produire de l’inattendu à partir du code. C’était très stimulant, mais ce n’est pas ce qui m’intéressait. J’ai découvert que j’étais plus analogique que numérique, plus intéressée par la façon dont les langues font bouger le monde que par l’idée de faire bouger le langage.
- 8 Virginia Woolf, « Words fail me », émission radio de la BBC, 29 avril 1937. [En ligne] https://you (...)
24Dans le seul enregistrement à nous être parvenu de la voix de Virginia Woolf, extrait de l’émission radio de la BBC « Words fail me » daté du 29 avril 1937, Virginia dit8 :
1 min 36 s - Pour pouvoir utiliser de nouveaux mots correctement, il faudrait inventer un nouveau langage…
3 min 28 s - C’est la faute des mots. Rien n’est plus sauvage, plus libre, plus irresponsable, plus indomptable.
6 min 34 s - En fin de compte, ils détestent tout ce qui leur colle un sens unique ou ce qui les confine à une certaine attitude, car il est de leur nature de changer.
7 min 38 s - Et lorsque les mots se retrouvent piégés, ils replient leurs ailes et meurent.
- 9 Katie Collom, « The Murakami model : Why do writers like writing in foreign languages? », 2016. [E (...)
Fig. 5
Capture d’écran de Katie Collom, « The Murakami model : Why do writers like writing in foreign languages? », 20169.
Mes oreilles se mirent à entendre davantage, je devins plus souple, mon cerveau plus sensible. N’étant plus retenue dans une aire linguistique particulière, je pouvais me mouvoir à travers plusieurs. Plus de frontières, plus de nations, personne pour me revendiquer. Je commençais à aimer mon multilinguisme et cessais de me considérer comme handicapée. Même de « ne pas connaître parfaitement une langue » devint quelque chose de positif. Le bégaiement même était permis.
25Après avoir lu ce texte, je demande à un membre du public de lire le suivant (si possible de façon très rythmée) :
- 10 Hito Steyerl, « International Disco Latin », 2013. [En ligne] https://www.eflux.com/journal/45/601 (...)
Fig. 6
Capture d’écran d’« International Disco Latin », Hito Steyerl, 201310.
26Vidéo 1
27Regardez la vidéo
Lecture d’Hito Steyerl par Lou Sarabadzic, danse par Annie Abrahams, vidéo par Erika Fülöp.
- 11 Luce Irigaray, « Quand nos lèvres se parlent », Les cahiers du GRIF, n° 12, 1976, p. 23-28. (...)
28« Si nous continuons à nous parler le même langage, nous allons reproduire la même histoire », « Quand nos lèvres se parlent », Luce Irigaray, 197611.
29Cette citation d’Irigaray est projetée pendant que je poursuis :
- 12 Traduction : « La diffraction ne produit pas un déplacement “du même”, comme le font la réflexion (...)
- 13 Traduction : « Qu’est-ce qu’un “worlding” [faire-monde] ? Qu’est-ce qu’un -ing ? L’ajout d’un suff (...)
Être, accepter, vivre un multilinguisme est une posture politique féministe. Je m’intéresse actuellement de très près à l’intellectuelle féministe Karen Barad, qui emploie la physique quantique pour élaborer une perspective féministe sur la philosophie de la science. Sans entièrement la comprendre, j’ai appris à préférer la pensée, la lecture et même l’écriture diffractives à la pensée, lecture et écriture réflexives (la réflexion ne fait que déplacer ou refléter, mais n’apporte jamais de nouveau point de vue radical – Barad s’inspire de Donna Haraway)12. Je préfère parler d’intra-action que d’interaction, et suis passée de l’être-au-monde à un faire-monde enchevêtré13.
30Bref silence. La citation d’Irigaray est encore visible.
31J’ai rencontré Jan Kruse en décembre 2015, à l’occasion de la résidence unaussprechbarlich, à la Villa Waldberta de Feldafing, en Allemagne. Jan Kruse est un linguiste et philosophe qui s’intéresse à la politique linguistique de l’Union européenne. Il m’a expliqué que dans certains cantons suisses toutes les réunions institutionnelles doivent être préparées en allemand, en français et en italien (parfois aussi en roman), les études montrant que quand tous les participants parlent leur langue maternelle (si besoin traduite), les résultats obtenus sont de meilleure facture que lorsqu’une seule langue est employée. Je me suis mise en quête de preuves.
- 14 Jan Kruse, « Dichotomies in european language history and possible effects on EU language policy » (...)
32Jan Kruse m’a gracieusement autorisée à citer librement son article « Dichotomies in european language history and possible effects on EU language policy », qu’il m’a fait parvenir14.
Tout le monde parle anglais pour que vous puissiez voyager et communiquer facilement sans apprendre d’autres langues. Dans une démocratie, la fonction de la langue est de permettre aux gens de participer à la vie politique. La langue est un instrument de pensée publique… Dans une démocratie, la non-compréhension n’est pas acceptable. (Trabant, 2002)
Le décalage est réel entre la politique linguistique de l’Europe et celle qu’elle met en œuvre, puisqu’elle soutient une approche trilingue, alors que moins de la moitié de la population européenne déclare parler anglais. (Kruse 2012)
Les 24 langues ont toutes un statut égal ; néanmoins, la langue employée dans la plupart des contextes au sein des institutions de l’UE reste l’anglais. (Kruse/Ammon, 2013)
L’anglais comme langue étrangère est couramment parlée par l’élite. (Kruse, 2012/2014)
Les connaissances en langues étrangères sont de nos jours marquées par une profonde hétérogénéité entre régions et classes sociales. Les Eurorégions ont réalisé des efforts en vue d’un traitement égal des langues membres et n’emploient presque pas l’anglais lors des négociations. (Kruse 2014)
- 15 Anna Wierzbicka, Imprisoned in English. The Hazards of English as a Default Language, New York, Ox (...)
- 16 Entretiens entre Anna Wierzbicka et James Underhill, In Conversation with Anna Wierzbicka – How En (...)
33Dans Imprisoned in English. The Hazards of English as a Default Language, Anna Wierzbicka, linguiste polonaise et professeure émérite de l’université de Canberra, en Australie, s’élève contre l’emploi irréfléchi de l’anglais par les chercheurs. Les articles de ces derniers prétendent souvent à un savoir universel en anglais, alors même que les concepts qu’ils utilisent n’existent souvent pas dans la langue originale qui fait l’objet de leur réflexion15. Par exemple, le mot « bleu » n’existe pas en polonais. Certaines langues n’ont pas de mot pour dire « frère », d’autres n’en ont pas pour dire « bon » ou « mauvais ». Au cours d’un entretien avec James Underhill, Wierzbicka rappelle ainsi : « L’anglais n’est pas une langue internationale et les chercheurs ont tort de l’utiliser comme telle » ; « Décrire la diversité au travers de l’anglais est impossible : il faut une métalangue » ; « La dépression est un concept anglais. La NSM permet d’en parler »16.
- 17 [En ligne] https://en.wikipedia.org/wiki/Natural_semantic_metalanguage [consulté le 26 juin 2020]. (...)
34La NSM (Natural Semantic Metalanguage ou Métalangue sémantique naturelle) comprend 65 primitifs sémantiques / concepts élémentaires17.
Fig. 7
Liste des primitifs sémantiques en anglais
- 18 Stacey Kerr, Erin Adams et Beth Pittard, Three minute theory. What is intra-action ? [En ligne] ht (...)
35Lorsque j’examine mon propre travail, essentiellement collaboratif, il m’est difficile de déterminer où est la cause et où est l’effet, de situer exactement l’agentivité : non pas entre des entités nettement séparées, mais émanant d’un tout où les caractéristiques de l’interface, l’état du serveur, les ordinateurs individuels, les claviers, webcams et périphériques audio, de même que les textes, voix et images des coperformeurs, les conditions lumineuses locales et les situations familiales sont tous enchevêtrés dans ce que Karen Barad appelle « le phénomène ». Comme je l’ai déjà dit, Barad n’est pas facile à comprendre. J’ai donc été ravie de tomber sur une vidéo intitulée « Three minute theory. What is intra-action ? » qui explique ce qu’elle entend par le terme d’« intra-action »18.
Penser avec les intra-actions, c’est abandonner les relations de cause à effet, l’agentivité individuelle et les économies sujet-objet. Nous développons de nouvelles compréhensions de l’éthique et de la justice comme des choses qui ne sont pas prédéterminées mais qui changent et se déploient constamment. L’intra-action rejette les frontières et les limites fermes de même que le temps linéaire, et nous aide en retour à penser en termes de simultanéité. Elle abat les murs qui contiennent les pensées et les actions disciplinées pour révéler les frontières artificielles dont nous avons oublié que nous les avons inventées.
36D’autres phrases associées demeurent pour moi plus ou moins énigmatiques :
- 19 Karen Barad, « Diffracting diffraction : Cutting together-apart », Parallax, vol. 20, n° 3, 2014, (...)
Les enchevêtrements ne sont pas des unités. Ils n’effacent pas les différences ; au contraire, les enchevêtrements entraînent des différenciations, les différenciations entraînent des enchevêtrements. Un geste – découper ensemble19.
- 20 Iris van der Tuin, « Diffraction », dans Rosi Braidotti et Maria Hlavajova (dir.), Posthuman Gloss (...)
Le moment diffractif a lieu lorsque ces interpellations ou affections se produisent. La surprise d’une interpellation ou de l’affect est perçue comme un moment de lucidité essentiel à la production du savoir20.
- 21 Helen Palmer et Vicky Hunter, Worlding, 16 mars 2018. [En ligne] https://newmaterialism.eu/almanac (...)
37Je n’en ai pas fini avec ses idées (je dois aussi lire Whitehead et continuer Erin Manning) mais elles m’ont aidé jusqu’ici à formuler ce que je veux que mes projets artistiques puissent faire. Je veux qu’ils rendent possible l’émergence d’« issues » créatives inattendues qui peuvent être qualifiées, pour reprendre Barad, de découpage-ensemble d’un nouveau savoir. Les participants font partie d’un dispositif et deviennent les cocréateurs de l’œuvre. Ils participent à un événement qui donne lieu à des moments diffractifs : autrement dit, à « une cartographie de l’interférence » qui les sort de l’autoréflexivité, de la subjectivité systématisée, hors d’un monde qui ne fait que reproduire ce qu’il sait déjà, pour les projeter dans un faire-monde diffractif et intra-actif21.
38Existe-t-il une langue universelle ?
39Lorsqu’on n’a pas le droit de faire autrement, on peut parler en riant. Et vous ?
Fichier audio 2
40Écoutez la performance
« XD , ^_^ , :3 , :-D », performance en ligne de Constallations, 10 mars 2019, avec Alice Lenay, Gwendoline Samidoust, Alix Desaubliaux, Annie Abrahams et Carine Klonowski.